- FAISAN (VŒU DU)
- FAISAN (VŒU DU)FAISAN vœu DU (1454)Prononcé à Lille pour la délivrance de Byzance, qui vient d’être prise par les armées de Mehmet II, le vœu du Faisan est resté célèbre par le faste qui l’entoura. Une coutume qui remontait aux temps barbares voulait que toute grande entreprise fût précédée d’un vœu prononcé sur un animal vivant ou apprêté pour le festin; dans ce dernier cas, les morceaux en étaient partagés équitablement entre les participants. Les Vikings officiaient autour d’un sanglier; Édouard III et sa cour s’engagèrent sur un héron à envahir le sol français. Le 17 février 1454, le duc de Bourgogne Philippe le Bon et son fils, le futur Charles le Téméraire, réunissent la cour et les chevaliers de la Toison d’or. Le récit de la fête donnée à cette occasion nous est parvenu par la relation de deux témoins. On a dressé, sur d’immenses tables, des paysages où l’on peut voir villes et châteaux, église pourvue de cloches sonnant à la volée, forêt exotique remplie d’animaux, navires prêts à appareiller. La vaisselle précieuse regorge de victuailles et des fontaines jaillissantes offrent leurs breuvages aux convives. À l’issue d’un spectacle représentant l’histoire de Jason et entrecoupé d’intermèdes musicaux, une femme en grand deuil et portant au poing un faisan vient se lamenter sur le triste esclavage dans lequel elle est retenue. Le duc, son fils et tous les chevaliers présents jurent alors sur l’oiseau de se croiser, accompagnant ce serment de vœux de pénitence jusqu’à ce que l’Église soit délivrée des infidèles. Cette croisade n’eut jamais lieu. Mais le vœu du Faisan, à la fois rite païen et cérémonial chrétien, imagerie flamboyante mêlant dans ses allégories le grotesque et le pathétique est demeuré comme la dernière manifestation de la chevalerie et la première fête du baroque.
Encyclopédie Universelle. 2012.